Appel à manifester, le dimanche 15 décembre! A 15h, nous partirons ensemble de l’Oranienplatz en direction de l’Office des Affaires Intérieures du Sénat de Berlin (croisement Grunerstr./Stralauerstr. à la Alexanderplatz) qui est le QG de Henkel. Nous y tiendrons un sitting nocturne jusqu’au lendemain matin – jusqu’à ce que l’ultimatum soit retiré.
Demandeurs d’asile en Allemagne, nous avons décidé, il y a 14 mois, de ne plus rester passifs face à notre situation. Nous nous sommes opposés à l’hébergement contraint dans les “Lagers” (camps) isolés et aux discriminations quotidiennes.
Nous nous sommes organisés, avons quitté les “Lagers”, outrepassé la “Residenzpflicht” (obligation de résidence) laquelle n’existe dans aucun autre pays européen excepté en Allemagne et avons entrepris une marche contestataire de Würzburg à Berlin. Une fois arrivés, nous avons occupé l’Oranienplatz, puis l’ancienne école Gerhart-Hauptmann, afin d’élargir notre mouvement contestataire contre les politiques allemande et européenne d’asile.
Ces actions ont attiré l’attention sur notre contestation : elles l’ont rendue visible au grand public et ont encouragé d’autres réfugiés à rompre leur isolement et à venir lutter pour leurs droits.
Notre mouvement n’est pas seulement composé de demandeurs d’asile victimes de la Residenzpflicht et des conditions de détention dans les Lagers. Des réfugiés, arrivés en Allemagne via Lampedusa en font aussi partie : ils n’ont même pas le droit de demander l’asile.
Il nous est impossible de vivre dignement en Europe. La politique actuelle d’asile nous empêche de loger dans des appartements et de travailler pour subvenir à nos besoins. Nous vivons dans la crainte permanente d’être expulsés. Quelle est donc cette vie où l’on court le danger, à tout instant, d’être emmené par la police?
Nos revendications sont et restent l’abolition des Lagers et de la Residenzpflicht, la fin de toutes les expulsions, l’autorisation durable de séjour, le droit de travailler, d’étudier et de choisir son logement, ainsi que le droit à la liberté de mouvement. Nous exigeons d’être respectés comme des êtres humains, nous voulons bénéficier des droits de l’homme!
Nous avons été forcés de renoncer aux vies que nous menions car les guerres pour les ressources, l’exploitation économique et la persécution politique ne nous ont pas laissé d’autre choix que de quitter nos familles et de fuir en Europe.
Des gouvernements occidentaux soutiennent des dictateurs en leur livrant des armes et ravagent nos villes par leurs interventions militaires. Que ce soit en Libye, en Tunisie, en Afghanistan ou au Congo : l’objectif de Europe n’est pas la protection de la population, mais bien l’accès aux ressources. Ces agissements renvoient aux rapports coloniaux, nous en sommes les victimes, mais il n’y a personnepour raconter notre histoire.
Nous en avons assez d’être le jouet des politiques extérieures et d’asile européennes. Nous ne sommes pas responsables de ces guerres et nous ne voulons plus en subir les conséquences. Ce n’est pas nous qui sommes la cause du problème!
Pourquoi les citoyens et citoyennes allemands peuvent-ils sans difficulté voyager de par le monde qu’il s’agisse de vacances ou d’y vivre, tandis que nous, acculés à quitter nos terres au péril de notre vie, nous sommes retenus de façon avilissante dans des Lagers et faits prisonniers de centres d’explulsion?
Il n’y a pas si longtemps, des centaines d’êtres humains perdaient la vie aux abords des côtes de Lampedusa.
Et pourtant, cette catastrophe et toutes les autres n’ont apporté aucun changement de cap.
Au contraire : avec Frontex et EUROSUR, l’Europe continue à armer ses frontières. Non seulement les intérêts européens nous menacent dans nos terres d’origine, mais ils nous interdisent aussi l’accès à une vie en sécurité. Nombre de politiques se sont montrés horrifiés en public par la catastrophe de Lampedusa et pourtant, nos conditions de vie en Europe n’ont en rien changé.
Les responsables officiels ne recherchent pas plus de solutions humaines que politiques, car ils sont eux-mêmes l’origine du problème.
Au lieu de se pencher sérieusement sur notre situation et d’étudier nos revendications, Frank Henkel, sénateur de l’Intérieur de Berlin, menace d’évacuer notre camp de contestation par la force pour nous refouler dansle secret et l’isolement des Lagers ou pour nous expulser.
C’est pour cela que nous appelons tous les êtres humains ainsi que les acteurs politiques et sociaux, comme les syndicats, les écoles, les universités, les églises et les associations, à se solidariser avec nos revendications, à soutenir notre appel et à lutter avec nous contre l’évacuation de l’Oranienplatz. Cette place incarne la participation, la solidarité, comme l’échange et est maintenant devenue le symbole européen de la contestation autonome des réfugiés.
Oui, il y fait froid et la vie n’y est pas facile. Nous avons cependant décidé d’accepter ces mauvaises conditions car nous ne voyons pas d’autre moyen de briser la glace. Quand nos revendications seront satisfaites nous évacuerons nous-mêmes le camp.
Si le sénat nous retire l’Oranienplatz, il nous retire l’espoir d’une vie digne d’un être humain. Nous n’avons plus de temps. Pendant que nous écrivons ces lignes, un nombre croissant d’entre nous est puni pour avoir enfreint la Residenzpflicht ou est expulsé.
Le mouvement s’étend, rejoignez-le!
Apportez des couvertures, des sacs de couchage, du thé chaud et une bonne dose de détermination!